sylvie kaptur gintz |

 

beyond my dreams //

Commissariat : Marie Deparis-Yafil- Galerie Mondapart - Boulogne-Billancourt - 2013

vue de l'exposition

© Visuel Sandra Krasker

Dossier de presse en téléchargement

Les artistes // Corine Borgnet, Anne Brégeaut, Clémentine de Chabaneix, Claire Combelles, Jessy Deshais, Pilar du Breuil, Vanessa Fanuele, PascalFrament/Sayaka Shoji, Hervé Ic, Sylvie Kaptur Gintz,Sandra Krasker, Sébastien Lambeaux, Jamila Lamrani, Gabriela Morawetz, Julie Perin, Mai Tabakian, Yveline Tropéa

« Mon tourment à moi, c’est le sommeil, si j’avais bien dormi toujours, j’aurais jamais écrit une ligne » (LF Céline – Mort à crédit)
Prenant le contre-pied de cette phrase de Céline, mise ici en exergue, « Beyond my dreams » se propose, au travers d’installations, de peintures, de photographies, de sculptures ou de vidéos, de montrer combien les domaines du sommeil et du rêve recèlent de richesses propres à éveiller la créativité des artistes contemporains.

Physique du sommeil…
Il y a toujours dans l’exploration de la représentation physique du sommeil et de ses « outils » une forme d’ambiguïté. L’espace protégé du lit est à la fois celui de nos rêves et de notre finitude, du plaisir et du chagrin, ainsi que le suggèrent Yveline Tropéa ou Sylvie Kaptur-Gintz. Et le dormeur, pour trouver son nécessaire repos, devra pourtant se sentir en suffisante confiance pour s’abandonner, abandonner le « dehors » pour le « dedans », livrant ainsi sa fragilité, sa vulnérabilité, ici, à nos regards, comme le couple peint par Hervé Ic, ou encore les corps assoupis de Sandra Krasker.
Voici venu le parfois redouté moment du sommeil, la traversée du miroir, à la manière d’Alice, peut-être vêtue de la chemise de nuit imaginée par Claire Combelles…

Métaphysique du dormeur…
Le rêve est « la voie royale de l’inconscient » disait Freud, cette boîte de Pandore, à l’instar des « objets secrets » de Vanessa Fanuele, là où s’expriment, sans considération de logique et de rationalité, les désirs et les effrois les plus profonds, là où se transforme la réalité et se condensent les images.

Plongeon dans l’inconnu qui est en soi, comme peut l’exprimer le dessin de Corine Borgnet ou la mini-installation de Clémentine de Chabaneix.

« Ainsi la difficulté de raconter un rêve vient-elle en partie de ce que nous avons à traduire des images en paroles. Je pourrais vous dessiner mon rêve, dit souvent le rêveur, mais je ne saurais le raconter." (S. Freud - Introduction à la psychanalyse, 1922).

C’est cet espace-temps paradoxal et fascinant du rêve, où tout devient possible, où les images font fi du réel et des mots pour les dire, que les artistes peuvent tenter d’appréhender, voire de reproduire, comme Jessy Deshais dans sa vidéo hypnotique, cherchant parfois à « dessiner leur rêve », ainsi pour Pilar du Breuil, ou à produire des images de rêve, qui sont parfois cauchemardesques !

Poétique du rêve...
Du sommeil de l’artiste, produisant ses rêves, à l’acte créateur, il n’y a peut-être qu’un pas, un glissement…Le rêve est espace poétique, au sens étymologique propre, « poiêsis », espace de création. De là peut-on aisément lier le domaine intime du rêve à celui de la création artistique. Soit que l’artiste puisse puiser dans ces strates obscures de quoi nourrir sa créativité, comme a pu le faire la violoniste Sayaka Shoji et le vidéaste Pascal Frament. Soit que d’une manière plus générale, on puisse élaborer des analogies entre le processus imaginaire à l’oeuvre dans la production artistique et ce qui se joue dans nos visions oniriques : perturbations alogiques, spatiales ou temporelles, enchevêtrements des registres visuels, ambivalences des émotions, condensation des représentations, intrusions… Les oeuvres de Anne Brégeaut, de Gabriela Morawetz, de Julie Perin ou de Jamila Lamrani tiennent, chacune à leur manière, de ces différents registres.

Les étranges champignons de Mai Tabakian ressortent-ils d’un symbolisme onirique freudien ou d’un passage vers une transe psychédélique, ouvrant des portes inconnues ? Participant d’un acte chamanique, les photographies de Sébastien Lambeaux témoignent de cette possible dimension « prophétique » du rêve.

Dans les espaces labyrinthiques de la galerie, « Beyond my dreams » invite à une déambulation poétique et onirique, un voyage dans un territoire instable, entre inquiétude et enchantement.

Marie Deparis-Yafil - commissaire de l'exposition

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